Candie Pattie Hummel-Anderson

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Souvenirs de ma naissance ? Nope, j'en ai pas. Mais mon subconscient en a gardé. C'était le 11 septembre 2021. Voyez déjà le désastre à la base. Personne pour diffuser ma naissance à la télé, juste des gens en train de chialer devant des autels dans le centre de New York. Personne ne s'intéressait au minuscule bébé qui trônait dans la salle d'accouchement, pleurant, faisant déjà chier le monde. Enfin ça, mes parents ne s'en souciaient pas. Ma mère était déjà partie comme une voleuse de la maternité. Vous voulez un scoop, je suis peut-être une des seules filles née de mère porteuse à ne jamais avoir eu envie de la connaître. Après tout, j'ai deux pères cool et aimants, pas besoin de plus. Ces deux derniers d'ailleurs, mon esprit garde gravé dans un coin le moment où je les avais rencontré pour la première fois. Fatigués de l'attente, survoltés, fidèles à eux-mêmes. J'étais dans les bras de l'infirmière et ils penchaient vers mois leurs têtes géantes.

« - C'est elle Blaine. C'est notre fille !
- Oui, je la vois aussi Kurt. »

De toute façon mes pleurs couvrirent ensuite le son de leur voix. Ils passèrent des nuits entières rivés sur mon berceau, les yeux brillants mais fatigués, quand je n'arrivais pas à m'endormir à cause d'une petite fièvre, et je les examinais de regard perçant d'enfant sans même encore les connaître.

En tout cas, dès ma petite enfance, j'avais considéré ma famille comme un spectacle ambulant. Déjà avoir des parents gays c'est pas banal, et en plus ils passaient leur temps à se donner en spectacle. Et pas qu'au sens figuré. Ils écumaient les pièces de théâtre, films et autres. Pas des stars internationales mais ils avaient leur petite réputation dans le milieu et ils gagnaient très bien leur vie. Quoi qu'il en soit, on se moquait souvent d'eux à l'école, et donc ducoup je me prenais tout : les insultes, les bagarres et les humiliations. Parce que, faute d'avoir une famille dans la norme, j'étais en plus rousse. Le truc en trop. Je n'oserais même pas conter les centaines de blagues en rapport avec la couleur orange que cela m'a coûté. Ce fut pire au collège, dans ces établissements huppés de New York où j'habitais à cet âge, remplis de bourgeois sans coeur. A l'époque j'étais une fille timide, douce et plutôt sympa. A l'époque, hein. Disons que cela m'a renforcée. A force d'entendre dire les pires horreurs sur mes pères, ou mes cheveux, ou mon look ou n'importe quoi, j'ai appris qu'en fait ce qu'on te dit c'est toujours le contraire de la vérité. Ils sont jaloux parce que toi t'es spéciale et pas eux.

Oui, en plus de tout ça j'ai depuis toujours affectionné les looks étranges, voyants mais fashion, avec des tas de paillettes. J'avais toujours eu le droit de m'acheter les vêtements que je voulais, mon père me disait souvent qu'une Hummel ça ne s'habille pas n'importe comment. Mais mes camarades l'avaient mauvaise, ils me rejetaient, ou pire me faisaient croire qu'is m'appréciaient pour que je croie être leur amie et qu'ils puissent se moquer encore plus. Je me souviens d'une fois, un peu avant ma rentrée à Mc Kinley. Je m'apprêtais à débarquer dans un nouveau lycée, c'était à Boston. Oui, nous les Hummel-Anderson on déménage souvent. Une odeur de pain frais flottait dans l'air comme d'habitude, l'un de mes pères chantonnait dans la cuisine en mangeant des toasts et le second buvait du thé en écoutant la radio. Je me moquais toujours de lui d'ailleurs car c'est super ringard, plus personne n'utilise ce genre de vieil Mp4, c'est même étonnant qu'il marche. Bref, je tentais de me faufiler vers la porte. Mais cela n'échappa à aucun des deux, j'étais leur fille chérie donc ils me surveillaient tout le temps. J'entendis un petit cri horrifié venant de la cuisine.

« - Candie ! Qu'est-ce-que tu as fais à tes cheveux ?!
- Je... je , je tortillais nerveusement une de mes mèches de cheveux effectivement passés du roux à un blond très clair Personne ne se moquera de moi au moins.
- Chéri viens voir, avait-il lancé en direction du salon, toujours choqué. »

Et il n'y avait rien à faire. Je soutenais avoir pris la bonne décision, je voulais me fondre dans la masse me faire oublier et trouver des amis. Ce jour là, on déclara à l'unanimité l'état Hummel-Anderson d'urgence. Voir pire, on appela toute la famille et cela devint l'état Hudson-Hummel-Anderson d'urgence. En une semaine nos cartons étaient remplis pour la énième fois et la maison vide, et toujours personne pour me dire où nous partions. J'étais loin de m'imaginer l'Ohio, qui pour moi était synonyme de refuge de ploucs et de paysans, même en sachant que ma famille y avait vécu. Honnêtement, ça craint grave comme endroit. En plus à Lima quoi ! Le trou paumé. L'horreur. Et en plus je connais personne à part mon cousin Roméo, et encore on ne se connaissait pas des masses non plus. Ohlala. D'un côté petit avantage, personne ne me connaissait. Je pouvais devenir qui je voulais, et je ne choisis pas la voie facile que j'avais toujours prise.

Jour de la rentrée, lancement du délire. Dès le départ je fis sensation avec un look un poil provocant et composé entièrement de paillettes. On oublia mes cheveux, j'avais impressionné ces campagnards, bref la balle était dans mon camp. Finis la timidité, hin hin. J'étais devenue la fille qui raconte n'importe quoi et qui fait rire tout le monde, qui mène les troupes, parfois soûlantes, qui a des amis bizarres et qui ne fais partie d'aucun club. Le phénomène quoi. Pas la fille hyper populaire à l'image propre, plutôt une genre de fille comme l'avait été Lady Gaga quand elle était célèbre il y a longtemps. Pas dans les normes, qu'on respecte, provocante, mais populaire. Je sais bien qu'au fond je ne suis pas cette fille qui se promène dans les couloirs, mais qui s'y intéresse. Le principal c'est qu'on ne me rejette plus et que j'ai l'air vaguement cool. Je fais n'importe quoi et les adultes m'en veulent, je n'ai presque plus de réels sentiments d'amitié ou d'amour, j'oublie mes anciennes passions comme le théâtre même si j'en fais toujours une fois par semaine pour décontracter. Après tout on ne vit qu'une fois, non ? Alors pourquoi rester dans l'ombre ?