Seth Julian Bennett.

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Je m’appelle Seth Julian Bennett. Oui, Seth comme ce dieu égyptien du mal, du chaos, et tout ce qui s’en suit, mais aussi comme le grand père de ma mère, ce héros de la deuxième guerre mondiale qui jouait au football à l’université. Alors, même s’il est assez peu commun et que je n’ai finalement pas grand-chose à voir avec ce premier Seth mythologique, j’aime beaucoup mon prénom. Je suis né ici, à Lima. Naturellement : qui serait assez fou pour venir s’enterrer au fin fond de l’Ohio sans en être originaire ? Effectivement, ma famille est implantée à Lima depuis un bon bout de temps. C’est là qu’ont grandi mon père et mon oncle Will, et c'est aussi là que mon frère Paul et moi avons grandi. Lima, c'est donc bien ma ville : je dois bien en connaître chaque centimètre carré à présent, tant nous en avons arpenté les rues. Paul a deux ans de plus que moi, et nous avons toujours été ce que l'on peut appeler une fratrie unie, tant nous avons toujours été inséparables. Nous avons fréquenté la même école primaire que nos parents ici, à Lima, et où notre mère était institutrice. C'est drôle quand on y pense, le nombre d'enseignants que nous avons dans la famille puisque l'oncle Will était aussi prof d'espagnol au lycée de Lima... Pas étonnant que cette "vocation" soit aussi venue à Paul et moi - mais je reviendrai sur ce point plus tard. En tout cas, ce que l'on peut dire, c'est que nous avons eu une enfance très heureuse, tous les deux : même si notre famille n'était pas très riche, elle nous entourait d'attention. Et je pense que c'est peut-être là le plus important au final...

Mes années lycée... Inutile de dire que j'en garde un souvenir inoubliable. Si je ne suis pas né avec un ballon de football américain dans les mains, c'est tout comme : aussi loin que je me souvienne, Paul et moi nous sommes toujours entraînés à nous faire des passes dans le jardin. Je n'ai donc pas eu de mal à rejoindre l'équipe du lycée, dont Paul était le quaterback. Ensemble, nous formions une équipe du tonnerre. Jamais nous n'avons perdu un championnat. Oui, c'était vraiment une époque extraordinaire : je faisais ce qui me plaisais le plus au monde, qui au passage m'apportait une fantastique côte de popularité. Paul disait souvent en riant que j'avais un sourire à faire craquer toutes les filles. Le seul à être un peu triste de tout cela, c'était sans conteste l'oncle Will : je crois qu'il espérait quand même voir ses neveux rejoindre son cher Glee club, et certainement pas jeter des slushies à la figure de ses membres. Mais je ne sais pas chanter et, le lycée étant une véritable jungle, il y a des choix à faire pour rester populaire. Je n'agirais sans doute pas de même aujourd'hui, mais je ne regrette rien. Il faut bien passer par une phase d'adolescent tête à claque avant de murir... Toujours est-il que, bien que je ne sois pas un élève brillant, j'étais un bon joueur de football, et j'étais devenu seul quaterback après le départ de Paul : j'ai réussi à obtenir une bourse pour aller à l'université.


L'université... Rendez-vous compte, c'était peut-être la première fois que je quittais Lima pour autre chose que jouer un match de football. L'Amérique s'offrait à moi : je me voyais déjà ne plus jamais remettre un pied dans l'Ohio. Comme quoi, tout le monde peut se tromper. D'autant que les études, ce n'était finalement vraiment pas mon truc, et je ne cessais de m'en détacher pour me consacrer de plus en plus à ma carrière de footballer. Je voulais devenir un grand joueur. C'était mon rêve depuis toujours, mais je n'en avais jamais été aussi proche. Je l'ai atteint, dans une certaine mesure : je ne suis certes pas devenu une grande star internationale, mais je suis devenu professionnel et j'avais la chance de jouer des match extraordinaires. Enfin, ça c'était jusqu'à ce que je me fasse mal au genou : rien de bien grave en soi, je peux encore marcher, je peux encore courir, je peux encore jouer... mais plus à haut niveau. C'était la fin de ma carrière à ce niveau là. C'est à ce moment là que j'ai commencé à regretter un peu de n'avoir pas plus prêté attention que cela à mes études : après tout, même si je ne pensais pas que cela s'arrêtait si tôt, je savais bien qu'il me faudrait tôt ou tard me reconvertir. Cela, Paul l'avait bien compris lui, et avait mieux anticipé les choses que moi. Heureusement, comme toujours, mon frère était là, et sans même que j'aie eu besoin de lui demander quoi que ce soit, je reçus un message me proposant le poste d'entraîneur de l'équipe de football de McKinley, notre ancien lycée, dont Paul était devenu proviseur. Contre toute attente, j'étais donc reparti pour Lima.


Je crois que mon métier est le métier le plus génial du monde. Du moins pour moi. Le football a toujours été ma passion, et il n'y a rien de plus fantastique que d'être là pour épauler tous ces jeunes qui la partagent avec moi. Je me souviens du rôle décisif qu'a eu pour moi la coach Beiste, et je veux pouvoir jouer le même auprès d'eux. Je veux pouvoir les aider comme il se doit, en m'investissant le plus possible. Et je pense qu'ils le sente : j'ai vraiment une relation assez proche avec la plupart d'entre eux, j'essaie de me montrer en quelque sorte leur grand frère... ce qui a parfois le don d'énerver le mien, de grand frère, qui ne partage pas tout à fait les mêmes conceptions que moi. Ce qui est drôle d'ailleurs, c'est que si peu de personnes encore aient fait le rapprochement entre Paul et moi : il est vrai après tout que l'on m'appelle davantage "Seth" que "M.Bennett", ce qui me va tout à fait. De toute façon, je ne tiens pas particulièrement à ce que l'on fasse le rapprochement, et que l'on vienne accuser Paul d'avoir fait du favoritisme en m'embauchant. D'autant qu'il me semble avoir déjà fait mes preuves auprès de mes élèves. Au moins quelque chose de réussi pour moi, parce que côté coeur, je suis loin d'en être là... Je suis sorti pendant un moment avec la jeune et jolie Beth Corcoran, professeur de mathématiques à McKinley. Je l'aimais beaucoup, et je pensais que nous pourrions vraiment avoir un avenir tous les deux, même si c'était loin d'être facile. Et puis un jour, après un match, j'avais beaucoup bu pour fêter la victoire de mon équipe. Je n'avais franchement pas les idées très claires, et je ne sais pas comment c'est arrivé, mais je l'ai trompée avec l'entraîneuse des cheerleaders... et bien sûr il a fallu qu'elle nous surprenne. Depuis, c'est avec Diana que je sors, mais c'est beaucoup plus compliqué : même si je l'aime bien, j'ai encore des sentiments pour Beth, et je ne sais franchement pas trop où j'en suis. Enfin, advienne que pourra, je n'ai que trente ans, et j'ai encore largement le temps avant de m'ennuyer dans ce genre de questions sans réponse, ou de songer à fonder une famille... Non ?